(Un article de Julie Pécheur)
A Lomé, au Togo, les vêtements de seconde main en provenance d’Europe débarquent par milliers de tonnes, avant d’être revendus dans des boutiques vintage… à Paris ou à Stockholm.
Penché sur la balle de vêtements, Amah sectionne le cerclage au rasoir et déchire la toile plastifiée : des pans de manteaux froissés et raidis par la compression commencent à s’échapper. En silence, il entame un tri méthodique, épaulé par Anani et Alain, son bras droit et son cousin, à qui il a appris à reconnaître ce qui se vend en France. Un grand tas se forme rapidement avec les habits jugés sans intérêt – tailles trop grandes, marques récentes, mauvaise qualité…
Rapides et précis, ils extraient de la balle éventrée des trenchs, des pantalons et un imperméable crème aux larges épaules. Amah inspecte ourlets, coutures, col, aisselles. Il ferme les boutons, noue la ceinture. « Celui-là, je le prends. La coupe est vraiment années 80, ça peut intéresser un designer », explique-t-il. Une robe vintage bordeaux à pois passe aussi l’examen avec succès ; pas une veste en laine et cachemire beige : « Elle est belle, mais les boutons [gros, jaunes et ambrés] sont too much… »
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