Le train n’est plus ce qu’il était. Pour certains, c’est un « train d’enfer », et pour d’autres c’est le train de vie qui se dégrade. Dans tous les cas, le malaise s’est installé et les usagers mettent facilement un visage humain sur leurs tracas, les cheminots, qui travaillent pour le train et qui font corps avec l’entreprise nationale du chemin de fer. Yann, salarié au CER des cheminots, observe de grands changements depuis une douzaine d’années : « En 1995 avec les grands mouvements, j’ai ressenti une certaine fierté vis-à-vis de ce monde ferroviaire. Parce que la mobilisation était impulsée par les cheminots et la RATP, mais surtout, la population suivait, ce qui n’est plus le cas actuellement. Quand je prends le RER, j’ai souvent des échanges avec les gens. Les usagers critiquent plus facilement les cheminots que la direction de la SNCF. Parce que les cheminots exécutent ce qui est à faire avec les moyens qui leur sont donnés. C’est une vérité que je souhaite voir rétablie. » Ce que ressentent les usagers est la conséquence des rapports fissurés au travail des cheminots. Avec la fermeture de milliers de kilomètres de lignes, les métiers du personnel en relation avec les usagers sont fortement menacés, et cela se ressent dans les prestations. Maelig, comme les jeunes de sa génération, se remet en question, mais n’épargne pas ses aînés : « Ce qui est en train de disparaître, c’est la notion de service public, c’est également une solidarité entre les travailleurs de la SNCF, parce que nous sommes tous minés par l’individualisme. Tout le monde fait du Facebook et du Twitter, il n’y a que ça qui compte chez les jeunes. Et les vieux, j’ai l’impression qu’ils n’ont qu’une envie, celle de partir à la retraite. Et derrière eux, ce qui se passe, ils s’en foutent. »
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